Le 7 octobre 2020, une cinquantaine de personnes assistent à la soirée de lancement du projet « Mieux trier, respecter Veyrier » sur lequel nous collaborons en tant que Coopérative romande de sensibilisation à la gestion des déchets. Dans la grande salle des fêtes, les mesures sanitaires sont respectées et la soirée débute en toute sérénité. Après une introduction des autorités communales sur les enjeux liés au tri des déchets, entre en scène Julien Vidal. Accrocheur, il interpelle le public avec un mot taquin : « En 2020, on parle encore de déchets ? Ah mais moi je pensais que c’était réglé depuis longtemps cette histoire, qu’on avait passé à autre chose ! » Le ton vif et décontracté est lancé, on ne va pas s’ennuyer!
Avant de se faire connaître avec l’initiative « Ça commence par moi », ce français de 33 ans a travaillé plusieurs années dans l’humanitaire à l’étranger. Un vécu de terrain qui l’amène à une profonde prise de conscience des impacts de la crise sociale et environnementale actuelle : « Mon enfant, en 2100, vivra dans un monde à plus de sept degrés où l’Afrique et l’Asie ne seront plus habitables en l’état. Ce sont les scientifiques qui le disent. Pour être à la hauteur de l’urgence, nous devons radicalement changer nos modes de vie. »
D’écolo « relou » à source d’inspiration
De retour en France en 2016, Julien Vidal décide d’agir en se lançant le défi de réaliser une action éco-citoyenne par jour. C’est la naissance de « ça commence par moi », un blog puis un livre qui répertorie 365 actions pour faire changer les choses à notre échelle. Le succès retentissant ouvrira la voie à deux autres ouvrages, « Ça va changer avec vous » et « Redonner du pouvoir à son argent. » Sa grande force ? Une approche positive et non culpabilisante, qui donne envie d’agir. « Avant, j’étais cet écolo « relou » comme on en connaît tous. Je pointais du doigt les incohérences des autres sans rien faire de mon côté. » Aujourd’hui, cacommenceparmoi.org reçoit trois millions de visites par an.
« Je me rends compte qu’on a un pouvoir extraordinaire, bien plus grand que celui dans lequel on nous limite, c’est à dire le pouvoir d’achat. » Pour illustrer ce pouvoir, Julien Vidal s’appuie sur l’acronyme AGIR :
- A pour Abandonner la suraccumulation : faire le vide dans ses placards, ses habitudes, son emploi du temps, etc.
- G de Gagner : gagner en sens, en qualité de vie, en relations aux autres et à soi-même.
- I pour Inspirer positivement son entourage.
- R comme Résister à l’ancien monde qui dépend des énergies fossiles ou Régénérer la nature en la remettant au cœur de nos vies.
« Oser l’écocitoyenneté ostentatoire »
Le public semble conquis par ce témoignage efficace, sincère et rempli d’humour. Plusieurs mains se lèvent et les réponses aux questions fusent:
« Comment gérez-vous la question de l’énergie utilisée par votre site internet? »
« J’ai calculé l’empreinte carbone des visiteurs et, même après avoir allégé le site au maximum, je n’arrive pas à descendre au-dessous d’un gramme carbone par page visitée. Je cherche donc à compenser en soutenant des projets forestiers. Mais il est vrai que le dégât est déjà fait. Mon intention est donc de faire en sorte que chaque contenu mis en ligne vaille la peine. J’ai décidé de laisser de côté la culpabilité d’être un pollueur pour assumer la responsabilité de puiser des ressources pour faire passer un message qui me semble primordial. »
« Comment convaincre les jeunes de la « génération Zalando » qu’il faut consommer différemment ? »
« Vous voyez peut être les jeunes de la génération « Zalando » mais moi, je vois tous les contre-exemple du monde! Des jeunes qui s’engagent, qui préfèrent les friperies, les boîtes à livres, les boîtes à don, etc. Malheureusement, ce ne sont pas toujours les plus visibles. C’est pour cela que nous devons oser avoir cette écocitoyenneté ostentatoire et relever la tête pour voir à quel point nous sommes nombreux. »
Julien Vidal fait partie de ces écolos qui ne donnent pas de leçons. Il ose parler de ses faiblesses, de ses obstacles. « Avant, je faisais fuir les gens avec mes propos moralisateurs. Aujourd’hui, c’est eux qui viennent me poser des questions. »
On ressort de cette soirée plein d’enthousiasme. Normal : un écolo qui se revendique heureux, ça inspire! Et il en aura été la preuve vivante ce soir : inspirer autour de soi est au moins aussi important qu’agir.
8 mois d’activités autour de la gestion des déchets à Veyrier
La Ville de Veyrier a lancé en partenariat avec Cosedec un projet sur plusieurs mois visant à sensibiliser ses habitant-e-s à une meilleure gestion des déchets. Au programme, des animations dans les écoles et sur les éco-points. Un concours et des jeux, dont notre « Escape game », seront également proposés.